J'aime, je n'aime pas
J'aime... le chocolat et les exercices d'écriture. Je n'aime pas l'odeur du maquereau.
J'aime lire des romans policiers, comme j'aime aussi la littérature médiévale, surtout Villon.
J'aime le souvenir de mes déambulations vénitiennes. Je n'aime pas la logique mathématique.
J'aime le beau, le doux, l'intense, le tango, la liberté et la mer ; toutes les mers. J'aime le vent et ses chants, la nature – dans toutes ses manières d'exprimer son omniprésence –, les animaux.
J'aime l'ivresse festive et la danse qui peut en découler, lorsque le corps bouge comme on crie.
Je n'aime pas les discussions futiles, présomptueuses et j’exècre les serments que l'on qualifie d'alcooliques.
J'aime les soirs d'été, dans la nature, leurs couleurs, leurs odeurs et leurs bruits, comme j’aime aussi, l'hiver, -lorsque tout est recouvert d'un épais manteau de neige - l'espèce de bulle ouatée dans laquelle on se sent isolé du monde autour.
En revanche, je n'aime pas cette conscience coupable, écrasante, que l'on éprouve – surtout les fêtes de fin d'année approchant – à croiser un SDF ou apprendre qu'un autre, peut-être un compagnon d'errance du premier, est mort de froid. Je n'aime pas non plus entendre les battements d'une fête au loin, lorsqu'il fait chaud et que tout le monde ouvre ses fenêtres, pendant que l'on se sent, soi, avec des blessures à l'âme telles, que l'on ne peut faire autrement que de se contraindre à la solitude.
J'aime Vivaldi, sa folie de notes, les moments où l'on ose tout, l'amour, ces instants où l'on se laisse simplement porter, les souvenirs heureux qui ont le goût sublime d'un carré de chocolat fin en train de fondre sur la langue. Je n'aime pas les salsifis, les regrets au goût amer, être détestable, me sentir minable, les compromis douteux, la violence, les jours vides de novembre, ni certains morceaux de Chopin.
J'aime être en quête d'une posture juste dans la vie, écrire, le sourire de ma sœur, les balades en bateau. Je n'aime pas le mensonge, l'asservissement, les armes, les villes polluées, les entraves, l'hypocrisie, l'obscurantisme, le pouvoir ou l'autorité.
J'aime les manifestations de solidarité entre les être humains et la vertu de tolérance.
Je n'aime pas – ainsi en aurons-nous fini – certaines expressions des jeunes malmenés par la vie, surtout celle-ci : « c'est mort ! ».