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Juste un trait d'encre noire
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  • Un blog pour partager des écrits de toutes sortes, au fil de l'inspiration des jours à venir. Récits de balades - le plus souvent pudiques, mais qui pourront parfois sembler indécents à certains - dans les contrées de mon âme trouble.
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9 juin 2017

Mon grand-père

north-church-884596_960_720Mon grand-père,

ni parent de sang, ni parent de gènes,

bien plus que cela,

m'est parent de coeur.

 

Nos âmes liées depuis mon entrée dans le monde,

sa main solide qui a tenu la mienne dans les petites tourmentes de l'enfance,

son pas sûr pour m'ouvrir un chemin facile dans la vie,

et aujourd'hui mes doigts presque plus forts que les siens qui se referment pour lui tenir chaud ;

à présent sa démarche fragile, mon bras tenant le sien.

 

Je regardais petite la course des nuages dans ses yeux,

j'écoutais ses mots colorés me raconter des univers d'enfant ;

sa parole élargissait le monde de mon esprit,

sa bonté me construisait un abri et je grandis auprès de lui comme le papillon dans la chaleur et le refuge du cocon.

 

Deuxième homme de ma vie, il était et demeure caresse, là où mon père est adverse ; renfort quand le premier est inconfort, langage lorsque l'autre est bavardage.

 

De lui j'ai beaucoup appris de mon humanité,

loin, bien loin des mondanités,

dans des échanges suivant l'unique précepte de la sincérité.

 

 

Premiers pas, premiers tours de pédales sur la bicyclette à petites roulettes, premiers bords de mer, premières neiges, premier parfum de rose, premières gourmandises, premiers chagrins, premières rébellions, premières larmes, premières trahisons... il sut tout assurer,  partager, écouter, alléger.

 

Il est le chêne valeureux planté au milieu du jardin de ma vie,

en même temps que le jardinier, infatigable. Il aère la terre, sème, nettoie sans lassitude autour des massifs de fleurs, désherbe. Il est celui qui aime, qui veille et qui prend soin.

 

Je le revois, un drôle de trieur fait de nombreux casiers posé sur la table devant lui, il tient à la main un curieux petit couteau et fait des gestes lents, méticuleux. Chut... le magicien est à l'oeuvre, il mélange les pollens. Je retiens mon souffle d'enfant ; bientôt, c'est une nouvelle iris qui colorera le printemps.

 

D'un hostile terrain boisé, arbres serrés les uns contre les autres, ramures mêlées, ronces enchevêtrées, il a fait un Éden.

D'une épouse à la jeunesse larmoyante, il a fait une grande dame qu'il a menée s'enivrer aux sources vives des quatre coins du vaste monde.

D'un enfant qui n'était pas le sien il a fait son fils, l'a mis sur la route de la vie et lui a donné les clés qui ouvrent les grilles des chemins de traverse, si la route principale venait à lui être impraticable.

De la femme de l'enfant, minuscule poupée de porcelaine, il s'est faite une alliée de coeur.

De trois petites têtes blondes – je me tiens au milieu – il a fait des princesses de papier, des poissons dans l'eau, des anges papillonnant de ci, de là, entre les fleurs et les grands arbres de son jardin.

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