Balade en solitude
Solitude. Tout mon être au repos, exceptées les pensées vagabondes...
Le rien et le tout se succèdent ; se confondent.
A l'écoute de mes vibrations intérieures, en même temps qu'en alerte quant à tout ce qui se passe au-dehors, j'engrange de la connaissance de moi-même.
Et je ne suis pas une. Je me délite en tout.
Écrivant, je suis le coussin coloré contre lequel j'aime m'adosser. Si j'arrose le jardin je suis cet insecte se hâtant de grimper sur le petit caillou, son arche de Noé. Souffle, je suis complice du vent qui agite les pleureuses du bouleau. Œil observant les mouvements, la lumière qui bouge, je me sens humble devant cette magie ordinaire, naturelle.
Je m'ouvre.
Fulgurance. Embrasement. Une pensée d'amour – parfois prégnante, d'autres fugace – toujours intense, m'emplit, me décore, me traverse soudain.
Je suis chant d'hirondelle, aile de papillon, buddleia, fleuve, délicate petite fleur de sauge, rue de Téhéran, souvenir d’Égypte, jeunesse désœuvrée, bienveillance, émerveillement et sourire. Oui, je suis sourires émus par les élans de l'amitié.
Je suis gourmandise. Je suis désir, quête du plaisir, recherche du vertige délicieux.
Fragile et éphémère comme la rose, je suis une parmi toutes les autres dans le jardin de Saadi.
Je suis chagrin de tant de violences inscrites en moi, celles reçues d'abord, celles rendues ensuite.
Sacrée soit l'innocence de l'enfant en chacun !
Sable nonchalamment alangui sur une plage de carte postale, brusquement me voici submergé, avant que d'être éparpillé. Déferlement d'une vague de fond d'émotions.
Et encore la pensée d'amour...
Je suis confiance et envie, audace et liberté.
Je me reconnais dans la fibre du hamac qui accueille et épouse le corps.
Je suis cette sensation de douceur sur la pulpe des doigts lorsque ma main caresse la peau de ma tendre obsession.
Accents d'ailleurs. Je suis affamée de découvertes. Me voici infatigable exploratrice.
Beautés, spiritualité, merveilles du monde... Je me sens, bien que femme, Roi des rois.